mercredi 30 juillet 2008

Un soir avec Jéhova.


Séduit par les comptes-rendus qu’Aircoba ou que JB peuvent faire, je me suis décidé à revenir moi aussi sur un concert auquel j’ai assisté le 7 juillet dernier.
Il s’agissait donc de Jay-Z. Forcément un événement. J’étais sacrément enragé à chaque fois que je réécoutais le "MTV Unplugged" ou que je revoyais pour la énième fois le DVD Fade to Black. Et comme je n’avais pas pu le voir en 2006 lors de son dernier passage au Zénith, il fallait absolument que, cette fois, je sois de la partie. Et même si la place est à 50 Euro, on se dit que Jay-Z a quand même réalisé quelques uns des morceaux les plus enthousiasmants de ces 10 dernières années. Alors on ne regarde pas à la dépense.

En stage dans le Nord de la France, j’avais réussi à avoir mon lundi pour pouvoir être là-bas de bonne heure. Faut dire que j’avais intérêt à prendre les devants étant donné que le concert débutait à 19 heures. Parce que si c’est Jay-Z qui m’a poussé à me ruer vers la billetterie de la FNAC, il ne sera pourtant pas le seul à officier ce soir puisque les Cool Kids et Common Sense seront aussi de la partie. Je dis ça l’air de rien mais Common Sense c’est pas rien du tout en réalité. En d’autres circonstances, son seul nom aurait suffit à me pousser à acheter une place. Peut-être pas pour 50 euro mais quand même. Quoique, je viens de me souvenir que j’avais dépensé pas moins de 28 euro pour avoir "Resurrection" en ma possession, import en provenance du Japon oblige. 3 artistes : un groupe avec un gros buzz dont je ne connaissais pas grand-chose et 2 légendes. A priori, y avait de quoi passer une belle soirée.

On arrive donc vers 14 H sur Paris. "Mon pote et moi" comme disaient Dany Dan et Manu Key. Mon pote c’est Damy Dam. Un pseudonyme, bien évidemment, qu’il s’était attribué lorsque, lui aussi, avait commencé à développer une admiration sans bornes pour Dany Dan. Son prénom étant Damien, la pichenette était toute trouvée. On prend un verre, le collègue, qui ne peut réprimer ses pulsions primitives, achète "L’Equipe" qui revient sur l’exceptionnelle victoire de la veille de Nadal sur Federer. Et puis on commence à discuter, à faire des paris sur l’enchaînement des morceaux, sur ce qu’on a le plus envie d’entendre.
"Moi :Sérieux, s’il rentre sur ‘Roc Boys’ ça pète, mais c’est mort. J’ai vu son concert à Glastonbury là et il a l’air d’avoir l’habitude de rentrer sur ’99 problems’.
Damy Dam : Mais si, tu vas voir, il va rentrer sur ‘Roc Boys’ .
Moi : Mouais…On verra"
En attendant, l’excitation commence à monter et on se pointe à 17 H devant le Zénith histoire d’être en première ligne. Mais non, on n’est pas des groupies.

Dans la queue, on peut commencer à se rendre compte que le public est assez …comment on dit déjà…ah oui, éclectique. Des petites meufs alliant collants ultraserrés et keffieh, des rebeus avec des t-shirt "Nigger", des franges UMP, des chemises à carreaux, des vestes Adidas, des fourrures, des t-shirt "Justice like" et, bien sûr, des baggys et des casquettes New Era en pagaille. Un type devant nous est persuadé que Jay-Z jouera ‘Feelin’it’. Faut y croire en même temps.

On débarque dans la salle vers 17H30. Ca va, on est dans les temps. Comme prévu, on est au premier rang, légèrement excentré sur la droite. La salle commence à se remplir mais, étonnamment, elle ne paraîtra jamais pleine à craquer. Une heure après, 2 potes de Damy nous rejoignent. Alors que les 19 heures approchent, on commence à s’impatienter.

Première Partie : The Cool Kids (15-20 min)

Comme je l’ai dit plus haut, je ne les connaissais que de réputation. Ce qui est sûr c’est qu’elle n’était pas usurpée. On m’avait dit qu’ils avaient, souvent, des tenues assez extravagantes et qu’ils dégageaient une grosse énergie sur scène. On ne m’avait pas menti.
En effet, Chuck et Mickey parcourent la scène de long en large, se renvoient remarquablement la balle et tentent, tant bien que mal, de chauffer la foule. Il y a pourtant 2 légers bémols :
- Je ne suis apparemment pas le seul à ne pas les connaître plus que ça. Du coup, quand ils tendent le micro vers la foule pour que celle-ci reprenne le refrain en chœur, la réponse se fait discrète.
- Le son est d’une piètre qualité durant leur passage. Et au premier rang, à côté des enceintes, ça se remarque sérieusement.
Les Cool Kids terminent leur passage éclair en ayant tout de même, au moins en ce qui me concerne, rempli leur mission : ils m’ont donné envie d’en savoir davantage sur eux.


Les Cool Kids quittent la scène et on attend Common pour la suite. A ce moment là, Spleenter me bip.
Recontextualisation : Spleenter, pour les non-abcderiens, c’est celui qui fut, un temps, considéré comme le « Best Posteur alive » sur le forum de l’abcdr. Seulement, on le sait, rester au top est toujours plus difficile que d’y accéder. Du coup, il n’est plus que le « Super freak » du forum à l’heure actuelle (ce qui n’est déjà pas mal). Bref, on s’était échangé les numéros en se disant qu’on pourrait peut être se capter au concert.
Après avoir cherché un renoi mal tressé avec un sac à dos et une brique de jus (d’après sa propre présentation hein, je ne me permettrai pas pour la coupe de cheveux), on se retrouve sur le côté et je l’invite à nous rejoindre.
Alors si quelques forumers de l’Abcdr me lisent et se demandent si Spleenter est aussi drôle en réalité que sur Internet, la réponse est oui. Extrait choisi.
"Moi : Nan il rentrera pas sur ‘Roc boys’..
Damy Dam : Mais si, mais si…
Spleenter : Moi je dis qu’il va rentrer sur ‘Dipset Anthem’"
Bref, l’ambiance est bonne et on guette l’apparition de Common.

Deuxième Partie : Common Sense (40-45 min)

Croyez le ou pas mais c’était sûrement la meilleure partie de ma soirée.
"C’était hip-hop, sans paillettes, juste un mec et le public, un vrai MC, simple et sans prise de tête, un retour aux sources du Hip Hop". Je sais à quel point ce genre de commentaires peut être agaçant. N’empêche, c’est quand même ce genre de termes qui me viennent à l’esprit quand je repense à la prestation de Common.
Common a repris du Krs-One, ‘I need love’ de LL Cool J, du Kanye West, a invité une fille du public a danser un slow avec lui, est venu checker les personnes du premier rang (je savais que j’avais raison de venir aussi tôt), s’est payé une session breakdance et, dans l’euphorie, lançait même des chaises à travers la scène. S’il n’a pas joué ses gros classiques au privilège de plusieurs titres issus de "Finding Forever", il a déployé une telle énergie que le répertoire de Reciprok aurait sûrement fait l’affaire.
En prime, il est venu avec un band qui a transformé, le temps de sa prestation, le Zénith en une sorte de piano bar. Je n’avais vraiment pas envie qu’il parte. Pourtant, il était temps de laisser sa place, Sean Carter commençait à montrer le bout de son nez.


Troisième partie : Jay-Z (1h30 environ)

Les écrans s’illuminent. Les musiciens se mettent en place. La vedette arrive. Et devinez sur quoi ? ‘Roc boys’ ! Enfin presque…Il a juste fait le refrain de ‘Say hello’, histoire de s’annoncer, avant d’enchaîner sur le meilleur morceau de 2007. Propre.
Propre, c’est sûrement le terme que je choisirai d’ailleurs si je voulais résumer la prestation du Jiggaman. Il a fait le taf. Et d’une belle manière. A le regarder, on se rend compte qu’il est devenu une véritable star. On le savait déjà en fait mais son concert le confirme. Pas de reprise de LL ou de Krs mais des raps sur du U2, ‘Smack my bitch up’, Panjabi MC ou Amy Winehouse. C'est-à-dire que Jay a un statut à assumer et ça fait quelques temps déjà qu’il est sur une autre planète. Une planète où il est pote avec Gwyneth Paltrow et fait des duos avec Linkin Park et Paul Mcartney. Dans ce contexte là, pas de ‘Feelin’it’ possible.
Le seul reproche que j’aurai à faire se situerait d’ailleurs à ce niveau. Plutôt que de faire ses couplets sur les remix de Panjabi Mc ou d’Amy Winheouse, j’aurai apprécié entendre certains de ses classiques totalement absents de son répertoire pour l’occasion. Evidemment, il y aura toujours des déçus. Compte tenu de la discographie sérieusement chargée qu’il commence à avoir, contenter tout le monde en 90 minutes était impossible. Mais quand même, ‘Heart of the city’ dans sa version originale plutôt qu’en version U2, ça ne m’aurait pas dérangé.
Mais ce serait faire la fine bouche que de se focaliser là-dessus. Et il y a eu quelques grands moments dans ce concert :
- ‘A billi’, freestyle sur ‘A milli’ évidemment. L’ambiance, à ce moment, était simplement dingue et, à côté des enceintes, on se rend compte à quel point les basses de ce morceau sont puissantes.
- L’entrée sur ‘Roc boys’ évidemment.
- Les singles universels que sont ‘H to the I.Z.Z.O’ ou ‘Give it to me’.
- La fin du couplet sur ‘Panjabi Mc’ lorsque Jay fait “Yea, but that's another stor-ay/But for now mami turn it around and let the boy play” en regardant fixement les filles du premier rang.
- La tête du maître de cérémonie quand des personnes du public l’interpellaient pour faire le signe ROC.

Encore une fois, la prestation était nette, sans bavures. Et ça faisait sérieusement plaisir de voir enfin à l’œuvre un type dont on a tous les albums (Bon j’avoue ne pas avoir acheté "Unfinished business" et le projet avec Linkin Park...). Seulement, parce qu’on cherche toujours la petite bête, on en aurait voulu davantage.
Qui a dit un truc "plus Hip-Hop" ?

En tout cas, c'est sûr, je reverrai Common sur scène un jour.

Le moment où j'ai regretté d'être si proche des enceintes.

4 commentaires:

Aircoba a dit…

Dire que j'étais devant la salle de concert sans billet ah ah. J'ai pas pu trouver un guignol qui me lâchait une place à un prix raisonnable (comprendre moins de 50 euros). Moi aussi, j'irai voir Common... si possible quand il fera une tournée avec Mos Def, Kweli, Badu et les Roots. Ça s'appellera "worlwide block party".
Sinon, t'es quand même super mal de mettre mon nom à côté de celui de JB, son article, c'est du high level. En plus, il a dû l'écrire entre un épisode de Lost et un passage chez la boulangère. Moi j'ai galéré deux semaines lol
Presque la moitié de ton article ne parle pas du concert mais de tout ce qu'il y a autour, et ça j'aime beaucoup !

Mehdi a dit…

J'avoue que l'article de JB c'est du très lourd (comme d'hab) mais le tien passe super bien aussi, vraiment. Je suis pas fan d'Erykah (pas parce que j'aime pas hein, juste parce que j'ai pas encore pris le temps de m'intéresser de près à ce qu'elle a fait) mais tu peux être sûr que, grace à ton article, je manquerai pas l'occasion de la découvrir si elle repasse dans le coin.
Sinon j'ai falli voir Mos Def l'an dernier quand il était annoncé pour son concert avec Rakim à l'Elysée Montmartre...Et puis Rakim ayant décommandé-bien que remplacé par M.O.P- j'étais plus trop chaud.
Mais la tournée "worldwilde block party" avec en sous-titre "Soulquarians are back", j'avoue que ça aurait de la gueule :)

Anonyme a dit…

Hello Mehdi !
très bien réalisé ce Blog, tu fais du bon boulot !
Les analyses sont très personnelles et très interessantes.
J'aimerais bien lire tes pensées sur l'industrie musicale en général !!
Et connaitre tes pensées sur d'autres styles musicaux !!
Interesse toi à Erykah Badu, je pense que ça en vaut le coup, le style est très éclectique !
Tu écoutes Nova ? C'est ma bible : Du reggae au Hip hop en passant par la Soul, le jazz, le rock 60's, la dub... Que du Bonheur !
A bientôt très cher !
Bisette

Mehdi a dit…

Hey Alboune !

Ca fait plaisir de te lire ici. Merci pour les retours !

J'avoue que moi aussi j'aimerai écrire sur autre chose...Mais le rap me prend trop de temps pour le moment. Comme je le disais ailleurs, j'attends d'être un vieux con qui ne comprendra plus cette musique pour me concentrer sur autre chose...Que cette échéance arrive le plus tard possible :)
Et oui, j'aimais beaucoup Nova à une époque où ma mère me l'imposait dans la voiture. Je me souviens qu'il y avait des enchaînements assez improbables (genre NTM, Camille puis Charly Mingus).
Mais puisque vous êtes deux à me le conseiller, je vais tout de suite m'intéresser de plus près à Erykah Badu !

A plus Alban !