dimanche 3 août 2008

On bouge !

Alors voilà, c'est décidé, je vais, moi aussi, quitter blogger pour wordpress. Et comme Sitemeter m'indique que, mine de rien, quelques personnes venaient faire un tour sur ce blog, je me suis dis que ça pouvait éventuellement les intéresser de savoir que je bougeais.

Ca se passera donc ici désormais.

A bientôt.

vendredi 1 août 2008

Le "piano-violon" nous déchirera, le G-funk nous réconciliera


Je ne sais pas si le climat a joué un rôle mais je me suis fixé un nouveau défi : déflorer la westcoast française. A défaut de pouvoir devenir un expert du son californien compte tenu du retard que j’ai accumulé, je vais tenter de devenir familier avec la discographie d’Aelpéacha, bien sûr, mais aussi de Georges Praxis, des Sales Blancs, de Driver ou encore de Bass Click. Sans oublier bien sûr les groupes de province qui puisent leurs influences du côté de L.A plutôt que vers New York.

Attention, il ne faut pas croire que je m’impose ce défi comme une corvée. Je vais le faire parce que j’en ai envie. Et que j’ai perdu trop de temps à écouter des street-cds baclés alors que, chaque année, Aelpéacha lâche des albums de qualité. Le déclic s’est fait avec le dernier projet de Nysay, "Si si la famille".

Je dis volontairement projet car personne, même pas le groupe, ne sait ce qu’il en est. Un album ? Un street-cd ? Une mixtape ? Y a-t-il encore un sens à essayer de trouver des différences entre ces différents formats à l’heure actuelle ? Toujours est-il qu’en interview, ils se sont finalement décidés à le considérer comme un album étant donné qu’ils avaient bossé dessus comme si c’en était un. Ok. "Si si la famille" est donc un album de Nysay.

C’est clair, Salif est un rappeur assez exceptionnel. Et puis, ce qui est intéressant, c’est qu’en reprenant tous ses projets sortis depuis ses débuts dans le rap, on a un petit aperçu de ce qui s’est passé dans le rap français. A la sortie de son album "Tous ensemble, chacun pour soi", le flow et les intonations se rapprochent clairement de celle d’un Zoxea. Salif fait penser à Rohff sur ‘Caillera a la muerte’ ? C’est l’époque qui suit la sortie de "La fierté des nôtres",celle où il naît des clones de Rohff tous les mois. Booba pète tout avec "Ouest side" ? Ca déteint sur Salif et sur ‘Jeunesse 2007’. Sefyu impose son style des morceaux à répétitions ? ‘Ghetto youth’ sort. De la même manière, sur ‘Yoyo’, on croirait, à certains moments, entendre la version masculine de Diam’s.

Sauf que Salif est super percutant à chaque fois, quoi qu’il fasse. Il fait partie de ces rappeurs qui, lorsqu’ils prennent le micro, dégagent une forme d’autorité : on se sent obligé de les écouter avec une oreille attentive. Donc j’ai écouté "Si si la famille".

Et bien c’est chiant. Mais vraiment. Et pour 3 principales raisons :

-Déjà parce qu’on a l’impression d’entendre sur quasiment tous les morceaux le même instru, ou en tout cas la même recette. Pourtant, d’après les crédits, il y a plusieurs beatmakers qui ont bossé là-dessus. Et bien, hormis lors du génial ‘Je t’aime moi non plus’ sur lequel Salif est assez magistral, les beats m’ont causé un vrai mal de tête. Une chose est sûre, la fonction piano du synthé a été enfoncée pendant un bon bout de temps. Beaucoup de piano donc, un peu de violon et ça donne le rap Kioubi dont parlait Madizm.

- Parce que c’est quand même dommage de se forcer à écouter des bons rappeurs. Avec un petit effort et l’appel à des beatmakers différents, on aurait pu avoir quelque chose de différent de leurs précédentes galettes ("Au pied du mur", "L’asphaltape" ou "Starting Blocks"). Mais non.

-Parce qu’on sait que Salif et EXS pourraient rapper sur des choses complètement différentes. Il n’y a qu’à voir la réussite d’un morceau comme ‘Je t’aime moi non plus’ pour s'en convaincre.

Dans le même temps, Aelpéacha a sorti une mixtape, "Pèlerinage mixtape", et un album, "Le pèlerinage". Il y aurait donc encore un sens à chercher des différences entre une tape et un album.

Faut être clair, les 2 projets démontent. Ca fait tellement du bien d’entendre du rap décomplexé, du rap cainri faits par des français, sans prise de tête. En réalité, les albums du A ce sont des albums de fans, de vrais passionnés. Ceux qui ne voient le rap que comme un moyen de contester le système ou d’affirmer son soutien à Besancenot passeront leur chemin c’est sûr. Mais ceux qui ont bougé la tête au rythme des disques qui ont fait la gloire de Death Row ou des albums de Dj Quick feraient preuve d’une rare hypocrisie s’ils trouvaient des choses à redire concernant "Le pèlerinage". A moins qu’ils n'éprouvent une haine profonde envers la langue de Booba (oui, Booba est "plus fort que Molière"), ce qui est un autre problème.

Tout ça pour dire que j’ai pris une résolution : arrêter de me forcer pour écouter certains rappeurs. Trop de fois, j’ai écouté des disques profondément emmerdants seulement parce que le MC balançait quelques couplets sympathiques.

Je réécouterai Nysay quand il y aura une prod d’Aelpéacha sur un de leurs projets, pas avant. Ca devrait me laisser une bonne marge.

Les morceaux du Pélerinage qui vont bercer mes vacances :

Ca vaudrait le coup d'essayer Essayer d'oublier ce refrain pour voir

J'ai de la gangxta shit C'est dur de croire que c'est un Français qui est aux manettes

Mais c'est qui mais c'est quoi ? Je suis amoureux du deuxième couplet

mercredi 30 juillet 2008

Un soir avec Jéhova.


Séduit par les comptes-rendus qu’Aircoba ou que JB peuvent faire, je me suis décidé à revenir moi aussi sur un concert auquel j’ai assisté le 7 juillet dernier.
Il s’agissait donc de Jay-Z. Forcément un événement. J’étais sacrément enragé à chaque fois que je réécoutais le "MTV Unplugged" ou que je revoyais pour la énième fois le DVD Fade to Black. Et comme je n’avais pas pu le voir en 2006 lors de son dernier passage au Zénith, il fallait absolument que, cette fois, je sois de la partie. Et même si la place est à 50 Euro, on se dit que Jay-Z a quand même réalisé quelques uns des morceaux les plus enthousiasmants de ces 10 dernières années. Alors on ne regarde pas à la dépense.

En stage dans le Nord de la France, j’avais réussi à avoir mon lundi pour pouvoir être là-bas de bonne heure. Faut dire que j’avais intérêt à prendre les devants étant donné que le concert débutait à 19 heures. Parce que si c’est Jay-Z qui m’a poussé à me ruer vers la billetterie de la FNAC, il ne sera pourtant pas le seul à officier ce soir puisque les Cool Kids et Common Sense seront aussi de la partie. Je dis ça l’air de rien mais Common Sense c’est pas rien du tout en réalité. En d’autres circonstances, son seul nom aurait suffit à me pousser à acheter une place. Peut-être pas pour 50 euro mais quand même. Quoique, je viens de me souvenir que j’avais dépensé pas moins de 28 euro pour avoir "Resurrection" en ma possession, import en provenance du Japon oblige. 3 artistes : un groupe avec un gros buzz dont je ne connaissais pas grand-chose et 2 légendes. A priori, y avait de quoi passer une belle soirée.

On arrive donc vers 14 H sur Paris. "Mon pote et moi" comme disaient Dany Dan et Manu Key. Mon pote c’est Damy Dam. Un pseudonyme, bien évidemment, qu’il s’était attribué lorsque, lui aussi, avait commencé à développer une admiration sans bornes pour Dany Dan. Son prénom étant Damien, la pichenette était toute trouvée. On prend un verre, le collègue, qui ne peut réprimer ses pulsions primitives, achète "L’Equipe" qui revient sur l’exceptionnelle victoire de la veille de Nadal sur Federer. Et puis on commence à discuter, à faire des paris sur l’enchaînement des morceaux, sur ce qu’on a le plus envie d’entendre.
"Moi :Sérieux, s’il rentre sur ‘Roc Boys’ ça pète, mais c’est mort. J’ai vu son concert à Glastonbury là et il a l’air d’avoir l’habitude de rentrer sur ’99 problems’.
Damy Dam : Mais si, tu vas voir, il va rentrer sur ‘Roc Boys’ .
Moi : Mouais…On verra"
En attendant, l’excitation commence à monter et on se pointe à 17 H devant le Zénith histoire d’être en première ligne. Mais non, on n’est pas des groupies.

Dans la queue, on peut commencer à se rendre compte que le public est assez …comment on dit déjà…ah oui, éclectique. Des petites meufs alliant collants ultraserrés et keffieh, des rebeus avec des t-shirt "Nigger", des franges UMP, des chemises à carreaux, des vestes Adidas, des fourrures, des t-shirt "Justice like" et, bien sûr, des baggys et des casquettes New Era en pagaille. Un type devant nous est persuadé que Jay-Z jouera ‘Feelin’it’. Faut y croire en même temps.

On débarque dans la salle vers 17H30. Ca va, on est dans les temps. Comme prévu, on est au premier rang, légèrement excentré sur la droite. La salle commence à se remplir mais, étonnamment, elle ne paraîtra jamais pleine à craquer. Une heure après, 2 potes de Damy nous rejoignent. Alors que les 19 heures approchent, on commence à s’impatienter.

Première Partie : The Cool Kids (15-20 min)

Comme je l’ai dit plus haut, je ne les connaissais que de réputation. Ce qui est sûr c’est qu’elle n’était pas usurpée. On m’avait dit qu’ils avaient, souvent, des tenues assez extravagantes et qu’ils dégageaient une grosse énergie sur scène. On ne m’avait pas menti.
En effet, Chuck et Mickey parcourent la scène de long en large, se renvoient remarquablement la balle et tentent, tant bien que mal, de chauffer la foule. Il y a pourtant 2 légers bémols :
- Je ne suis apparemment pas le seul à ne pas les connaître plus que ça. Du coup, quand ils tendent le micro vers la foule pour que celle-ci reprenne le refrain en chœur, la réponse se fait discrète.
- Le son est d’une piètre qualité durant leur passage. Et au premier rang, à côté des enceintes, ça se remarque sérieusement.
Les Cool Kids terminent leur passage éclair en ayant tout de même, au moins en ce qui me concerne, rempli leur mission : ils m’ont donné envie d’en savoir davantage sur eux.


Les Cool Kids quittent la scène et on attend Common pour la suite. A ce moment là, Spleenter me bip.
Recontextualisation : Spleenter, pour les non-abcderiens, c’est celui qui fut, un temps, considéré comme le « Best Posteur alive » sur le forum de l’abcdr. Seulement, on le sait, rester au top est toujours plus difficile que d’y accéder. Du coup, il n’est plus que le « Super freak » du forum à l’heure actuelle (ce qui n’est déjà pas mal). Bref, on s’était échangé les numéros en se disant qu’on pourrait peut être se capter au concert.
Après avoir cherché un renoi mal tressé avec un sac à dos et une brique de jus (d’après sa propre présentation hein, je ne me permettrai pas pour la coupe de cheveux), on se retrouve sur le côté et je l’invite à nous rejoindre.
Alors si quelques forumers de l’Abcdr me lisent et se demandent si Spleenter est aussi drôle en réalité que sur Internet, la réponse est oui. Extrait choisi.
"Moi : Nan il rentrera pas sur ‘Roc boys’..
Damy Dam : Mais si, mais si…
Spleenter : Moi je dis qu’il va rentrer sur ‘Dipset Anthem’"
Bref, l’ambiance est bonne et on guette l’apparition de Common.

Deuxième Partie : Common Sense (40-45 min)

Croyez le ou pas mais c’était sûrement la meilleure partie de ma soirée.
"C’était hip-hop, sans paillettes, juste un mec et le public, un vrai MC, simple et sans prise de tête, un retour aux sources du Hip Hop". Je sais à quel point ce genre de commentaires peut être agaçant. N’empêche, c’est quand même ce genre de termes qui me viennent à l’esprit quand je repense à la prestation de Common.
Common a repris du Krs-One, ‘I need love’ de LL Cool J, du Kanye West, a invité une fille du public a danser un slow avec lui, est venu checker les personnes du premier rang (je savais que j’avais raison de venir aussi tôt), s’est payé une session breakdance et, dans l’euphorie, lançait même des chaises à travers la scène. S’il n’a pas joué ses gros classiques au privilège de plusieurs titres issus de "Finding Forever", il a déployé une telle énergie que le répertoire de Reciprok aurait sûrement fait l’affaire.
En prime, il est venu avec un band qui a transformé, le temps de sa prestation, le Zénith en une sorte de piano bar. Je n’avais vraiment pas envie qu’il parte. Pourtant, il était temps de laisser sa place, Sean Carter commençait à montrer le bout de son nez.


Troisième partie : Jay-Z (1h30 environ)

Les écrans s’illuminent. Les musiciens se mettent en place. La vedette arrive. Et devinez sur quoi ? ‘Roc boys’ ! Enfin presque…Il a juste fait le refrain de ‘Say hello’, histoire de s’annoncer, avant d’enchaîner sur le meilleur morceau de 2007. Propre.
Propre, c’est sûrement le terme que je choisirai d’ailleurs si je voulais résumer la prestation du Jiggaman. Il a fait le taf. Et d’une belle manière. A le regarder, on se rend compte qu’il est devenu une véritable star. On le savait déjà en fait mais son concert le confirme. Pas de reprise de LL ou de Krs mais des raps sur du U2, ‘Smack my bitch up’, Panjabi MC ou Amy Winehouse. C'est-à-dire que Jay a un statut à assumer et ça fait quelques temps déjà qu’il est sur une autre planète. Une planète où il est pote avec Gwyneth Paltrow et fait des duos avec Linkin Park et Paul Mcartney. Dans ce contexte là, pas de ‘Feelin’it’ possible.
Le seul reproche que j’aurai à faire se situerait d’ailleurs à ce niveau. Plutôt que de faire ses couplets sur les remix de Panjabi Mc ou d’Amy Winheouse, j’aurai apprécié entendre certains de ses classiques totalement absents de son répertoire pour l’occasion. Evidemment, il y aura toujours des déçus. Compte tenu de la discographie sérieusement chargée qu’il commence à avoir, contenter tout le monde en 90 minutes était impossible. Mais quand même, ‘Heart of the city’ dans sa version originale plutôt qu’en version U2, ça ne m’aurait pas dérangé.
Mais ce serait faire la fine bouche que de se focaliser là-dessus. Et il y a eu quelques grands moments dans ce concert :
- ‘A billi’, freestyle sur ‘A milli’ évidemment. L’ambiance, à ce moment, était simplement dingue et, à côté des enceintes, on se rend compte à quel point les basses de ce morceau sont puissantes.
- L’entrée sur ‘Roc boys’ évidemment.
- Les singles universels que sont ‘H to the I.Z.Z.O’ ou ‘Give it to me’.
- La fin du couplet sur ‘Panjabi Mc’ lorsque Jay fait “Yea, but that's another stor-ay/But for now mami turn it around and let the boy play” en regardant fixement les filles du premier rang.
- La tête du maître de cérémonie quand des personnes du public l’interpellaient pour faire le signe ROC.

Encore une fois, la prestation était nette, sans bavures. Et ça faisait sérieusement plaisir de voir enfin à l’œuvre un type dont on a tous les albums (Bon j’avoue ne pas avoir acheté "Unfinished business" et le projet avec Linkin Park...). Seulement, parce qu’on cherche toujours la petite bête, on en aurait voulu davantage.
Qui a dit un truc "plus Hip-Hop" ?

En tout cas, c'est sûr, je reverrai Common sur scène un jour.

Le moment où j'ai regretté d'être si proche des enceintes.

mercredi 23 juillet 2008

Le jour où tout a changé..


On est en 2002 et je suis âgé de 15 ans, bientôt 16. Je vais bientôt rentrer en 1ère scientifique. Bouffer des cours incompréhensibles de Sciences et Vie de la Terre, faire mon premier et unique voyage aux Etats-Unis à ce jour et, surtout, connaître mes premiers émois sexuels.

En attendant, faut se coltiner 2002. Violente éruption de boutons en janvier. Sévère recalage par Fabienne en Mars. Le Pen au Second Tour en avril, le 21 je crois. Heureusement que l’été allait arriver. Comme chaque année, j’allais profiter au maximum du système français afin d’égayer mes vacances. Ma mère étant infirmière et travaillant encore dans le service public à l’époque, je pouvais partir vers des destinations capables de faire rêver n’importe quel français moyen titulaire d’un dossier de surendettement. Et à moindre coût. La Grèce s’offrait donc à moi en août 2002. Les îles, Athènes, le Parthénon, Zeus, l’Olympiakos…Sympathique. Ceci dit, en ces temps de véritable disette sexuelle, c’était davantage la carrosserie des jeunes filles qui m’accompagnaient qui attiraient mon regard que les colonnes de pierre conçues par je ne sais quel philosophe homosexuel il y a je ne sais combien de temps. On est plein de préjugés à 15 ans aussi.

Finalement, cette colonie était une semi-arnaque. On était un minable groupe de 15 adolescents. Certes, nous étions placés dans un lieu idyllique mais que faire quand 6 des 8 filles présentes sont maquées et que les restantes n’auraient pas leur place dans le tableau de chasse de Christophe Alleveque ? Alors, on sympathise entre burnés. On charie le plus poilu. On taille celui qui enchaîne le plus de rateaux. C’est souvent le même qui essuie les plâtres. Cependant, on fait parfois des rencontres déterminantes.

Faut savoir qu’à ce moment là, j’en ai encore rien à foutre de la musique. Mon truc c’ était le cinéma. Mes potes s’amusaient à me sortir des titres de film et à me demander qui était le réalisateur. Je me souviens les avoir épaté en sortant Renny Harlin pour « Au revoir, à jamais ». Niveau musique, c’était zéro. J’allais pas plus loin que ce qu’il y avait à la maison. Par chance, ma mère n’avait pas trop mauvais goût et j’ai très tôt découvert l’œuvre de Marvin Gaye, Phil Collins, Queen ou encore Sade. Mais en terme d’émotions, c’était pas grand chose en comparaison de ce que je pouvais ressentir en regardant Nicolas Cage s’éteindre dans « Leaving Las Vegas » (Mike Figgis à la réalisation).

Cet été, deux mecs plaisaient particulièrement aux filles. Y compris aux maquées. Deux noirs qui parlaient de plusieurs choses toutes la journée sans que je n’y comprenne un traître mot. J’entendais des noms de basketteurs qui me disaient vaguement quelque chose, quelques mots en créole et un semblant de la musique qu’ils écoutaient lorsque le volume de leur walkman était poussé à fond. Je compris rapidement qu’il s’agissait majoritairement de rap, un peu de R&B. Avec le recul, on ne peut pas dire d’eux qu’ils étaient des spécialistes. A ce moment, c’était suffisant pour m’impressionner. La musique partait et ils semblaient transportés, ne plus faire attention à ce qui les entourait. Je croyais être totalement indifférent au rap mais la passion qui semblait les animer avait quelque chose de fascinant. Et d’attirant.

Au fur et à mesure, je commençais à sympathiser avec eux. C’est vrai, c’était bien plus simple après pour adresser à la parole aux filles les plus âgées. Ils avaient tous deux ramenés une dizaine de compilations. De gros marqueurs noirs annonçaient sur des Cd’s gravés des titres telles que « Rap, été 2000 » ou encore « Best of Notorious B.I.G ». Plusieurs titres m’avaient marqué. Impossible de me souvenir de tous précisément. En vrac, « Da Rockwilder » de Redman et Method Man et « Oh Boy » de Cam’ron m’avaient bien plu. En réalite, le meilleur était à venir.
Pour toute personne qui ne connaît strictement rien au rap, Tupac est une sorte de mythe. Un « truc » indéfinissable dont les grands parlent en termes éminemment élogieux. On ne sait pas ce que ça vaut, à quoi ça ressemble mais c’est obligatoirement génial. Surtout depuis que ce Thug de malheur avait eu la mauvaise idée de s’en aller un 13 septembre 1996. Moi, j’étais comme tous les néophytes. On m’en avait parlé. Un de mes meilleurs potes, Paul, avait un fond d’écran sur son PC représentant un tag de Mr Shakur avec la devise « Live by the gun, die by the gun » (oui, oui, c'est bien l'image que vous voyez plus haut) inscrite dessus. Un jour, durant cet été, Nathanael, un de mes deux pygmalions, presse play. J’entends les premières notes de piano. Un piano étonnament chaud suivi d’un chanteur qui semble murmurer des mots que je ne parvenais pas à comprendre. Puis, c’est le choc. Un mec commence à rapper. Une voix à part. Rien à voir avec celle de Nelly que mon collègue m’avait fait subir tout l’après midi, « Hot in Herrre » oblige. Je comprends pas ce qu’il dit, je vous l’ai dit, je n’avais pas encore foulé la Terre de l’Oncle Sam. Ah si, au début il commence par « Come on , come on ». Naïf, je demande qui est donc la personne qui s’est emparée du micro.
« Là ? Mais c’est Tupac ! T’es séché en rap mon gars. » Je me suis gardé de lui dire que le seul album que j’avais acheté cette année là s’appelait « Te amo Italia », une compilation regroupant quelques uns des plus grands tubes de la chanson italienne.
« Ah, c’est ça Tupac… ». Je me suis dit que si Tupac c’était ça, j’aimais bien Tupac.

Le morceau s’appelait « Changes ». Plus rien ne sera comme avant.

jeudi 3 juillet 2008

Pourquoi il faut acheter "Trésors enfouis volume 2"


5 raisons d’aller acheter cet album les yeux fermés

-Parce que le Zoxea de l’époque 95-2000 est bien l’un des rappeurs les plus extraordinaires que le hip hop ait produit.
-Parce que le Dany Dan de l’époque 95-2000 est bien l’un des rappeurs les plus flamboyants que le hip hop ait produit.
-A une époque où les albums, qui empruntent des chemins balisés en suivant les tendances du moment, ont des longévités d’écoute de 15 jours, sortir un disque jazzy confère forcément à ce dernier une couleur atemporelle.
-Parce qu’il est bien meilleur que le Volume 1 qui comportait pourtant son lot de réjouissances
-Parce qu’il s’agit des Sages Poètes de la Rue et que vous connaissez vos classiques.

5 raisons d’aller acheter cet album les yeux ouverts

-Parce que, les yeux fermés, vous ne verriez pas cette superbe pochette montrant le cagibi de Zoxea duquel tant de bombes sont sorties.
-Parce que le texte qui accompagne le livret est terriblement Pozoezet : sincère, amusant et presque enfantin.
-Parce qu’après avoir entendu Dany Dan sur ‘Fumigène’, ‘Jusqu’au boutiste’, ‘Earth wind and fire style’ et ‘J’veux un Sage Po’, vous n’écouterez plus jamais "Poétiquement correct".
-Parce qu’après avoir entendu Booba sur ‘Fumigène’, vous n’écouterez plus jamais "Ouest Side" de la même manière.
-Parce que mêmes les interludes sont bien.

5 raisons de se poser quelques questions.

-Parce que, mine de rien, autant d’enthousiasme pour un album presque anachronique signifie bien qu’on se sent un peu paumé dans le rap actuel. Et surtout, qu’on a envie de parler comme des vieux cons en regrettant un âge d’or qu’on n’a même pas vécu.
-Parce qu’il ne faut pas se mentir : on préfère entendre un projet regroupant des perles des Sages Po créées en 99 plutôt qu’un véritable nouvel album.
-Parce que Melopheelo ne se victimise pas dans les textes de cet album. Inédit.
-Parce que le véritable "Beat de Boul 3", c’est ce disque, pas la bouse que nous avaient concocté les frères Kodjo il y a peu.
-Il paraît que c’est la sœur de Zox et Melo P. qui chante le refrain de ‘J’veux un Sage Po’. Elle y dit qu’elle en veut un, justement, de Sage Po. C’est pas un peu malsain cette affaire ?